Tribune de Genève, 17 February 2019
A short interview with AAN’s Thomas Ruttig (in French) about the US-Taleban talks and possible repercussions (after a pay wall) – but here it is:
Les talibans ont mis en place un régime autocratique dans les régions sous leur contrôle. Peuvent-ils accepter la démocratie afghane qui repose sur le suffrage universel ?
Les talibans ne semblent pas enclin à accepter le système démocratique et à devenir un parti politique. A un système électoral basé sur le suffrage universel, ils préfèrent que les représentants soient désignés par un système de choura, [conseil de notables et d’oulémas] qui tend à exclure les femmes. Et dans un tel cadre, les érudits en sciences religieuses ont plus d’influence que les autres participants. Dans le même temps, ils disent accepter le pluralisme et ne pas viser la conquête du pouvoir pour eux seuls. Ils ont d’ailleurs rencontré les représentants de nombreux partis politique lors d’une conférence début février qui s’est tenue à Moscou.
Si les talibans s’entendent avec les autres partis sur un accord de partage du pouvoir, quelles garanties la population aura-t-elle qu’ils ne commettront pas de mauvais traitements semblables à ceux qu’ils ont déjà commis ?
Il n’y aucune garantie. Et cela vaut aussi pour d’autres factions qui font partie intégrante du système politique actuelle et qui ne sont pas enclin à respecter les droits de l’homme et la liberté d’expression. Cela signifie qu’en cas d’accord de partage du pouvoir, cela donnera naissance à une grande coalition dans laquelle il sera difficile pour les défenseurs des droits individuelles de se faire entendre. D’ailleurs, c’est difficile de faire voter au Parlement des lois réprimant les violences faites aux femmes.
Un partage du pouvoir peut-il mettre fin à la guerre civile ?
Pas forcément. Cela pourrait donner naissance à une coalition de personnalités qui ne souhaitent pas travailler ensemble de façon constructive, mais qui veulent attendre qu’une occasion se présente pour se débarrasser de leurs adversaires au sein de la coalition. Beaucoup de partis afghans sont des organisations militaires : nous n’avons aucune garantie qu’ils déposeront les armes et accepteront de conquérir le pouvoir autrement que par la violence.
Revisions:
This article was last updated on 9 Mar 2020